San Andreas a changé d’saison... même les fruits ils sont perdus
Par Charles Gepetez – Reportero de la tierra, poète des plantations
Ce matin-là, yé courais pas après la policia ni après un voleur de vélo. Non. Yé marchais tranquille, avec le ventre un peu vide y les yeux ouverts, direction la ferme de Paleto, pour parler avec les plantes (ou avec les gens qui leur parlent). Là, yé tombe sur oune señora, les mains dans les feuilles comme si c’était des cheveux de bébé. Elle s’appelait María López-Roche, oune botanista de la ville. Genre de dame qui parle aux arbres comme à des vieux amigos.
Tú sais, joven... quand les arbres arrêtent de parler avec la terre, c’est qu’il faut changer la conversation.
Yé note, même si yé pige que la moitié. Elle m’explique que le climat devient loco, un jour il pleut comme si on lavait le ciel, y l’autre il fait chaud comme un four à empanadas. Résultat ? Les mandariniers y les pommiers de Paleto… ils veulent plus pousser. Ils font la grève verte. Y en a même qui pourrissent à cause d’un champignon sournois, le racconiosis putrefacta. Oune saleté, ça. Ça attaque les racines, ça pue la moisissure y ça rigole dans l’ombre.
Mais Paleto c’est pas oune village qui se laisse pourrir ! Les cultivateurs, ils ont déjà bougé : ils plantent des cerisiers ‘Lapins’ (oui, comme l’animal qui court plus vite que la météo), y des pêchers ‘Redhaven’, des bons costauds qui résistent aux caprices du ciel.
Y pendant que ça change dehors, à l’intérieur des serres, les fraises elles, elles brillent toujours. Rouges, dodues, sucrées… yé y ai goûté une, yé te jure que c’était comme croquer dans oune chanson d’amour.
Plus bas, dans les collines de Tongva, du côté du vignoble Marlowe, c’est le contraire. Là-bas, le climat il devient doux, sympa, presque romantique. Le raisin ? Toujours au top, prêt à finir dans oune bonne bouteille. Y maintenant qu’il fait meilleur, ils vont pouvoir accueillir mandariniers, pommiers, peut-être même d'autres arbres fruités si la terre est de bonne humeur.
La nature bouge, y les plantations suivent. On sait pas trop où ça va, mais ce qui est sûr, c’est que la carte des fruits de San Andreas est en train de changer, doucement mais sûrement.
Alors préparez vos papilles y ouvrez vos yeux : les marchés de demain auront peut-être pas les mêmes couleurs… mais sûrement encore plus de goût.